Sébastien à la ferme de Latapoune

En ce beau dimanche de mars, une envie d'aller voir un peu comment se portent les caussenardes de Livernon... Après quelques dessins sur l'exploitation, rencontre avec Sébastien Gallineau, jeune éleveur qui s'est associé avec Pierre Réveillac, son oncle par alliance, sur cet élevage de brebis de la ferme de Latapoune... Drôle de nom, je lui demande s'il sait d'où cela provient. Il semblerait qu'il y avait sur ce lieu un Monsieur Tapou... On dénommait sa veuve par "La Tapou... ou La Tapoune" et voilà le lieu-dit rebaptisé "Mas de Latapoune"
Sébastien a un passé dans l'électronique, mais il est tombé amoureux à la fois de la nièce d'un éleveur et d'un métier ! Un projet pour ce couple de s'investir dans cette ferme. Il suit alors une formation afin de réaliser ce vieux rêve d'enfant me précise t-il !
Ferme de Latapoune - Livernon
 
Il me raconte un peu l'histoire de l'élevage local : Autrefois, les agriculteurs avaient des vaches, des cochons, des brebis, des poules...

Le grand père a peu à peu abandonné les cochons et les vaches pour faire essentiellement de la brebis après la guerre de 70 quand l’agriculture a commencé à se spécialiser.

Au départ, les brebis étaient juste en plus, la subsistance était assurée par les vaches et les cochons. Le causse très pauvre est le mieux valorisé par la brebis qui est élevée pour sa viande. Mais la spécialisation a entraîné la perte de tout ce qui était produit à côté et donc l'agriculture est devenue dépendante pour les céréales.


"Ce n’est pas naturel d’acheter une viande qui vient d’Australie ou autre. Avec la traçabilité qui permet de connaître d’où vient la viande. Il y a eu une prise de conscience que l’avenir est dans le local. Notre installation  on y croit !"



  Ils veulent donc redévelopper l’activité locale comme avant. Retrouver un développement économique plus humain et plus adapté à la région. Ils se sont remis à faire de la céréale de très bonne qualité en agriculture bio.

Par contre, en utilisant les outils modernes et notamment Internet qui relie et facilite  les commandes (quand ça ne tombe pas en panne précise t-il !)



"Autrefois, l'agriculteur produisait et vendait (il avait donc le contact humain avec le consommateur).  Avec la spécialisation, les producteurs sont devenus des personnes qui brassent de gros chiffres d’affaires mais ont juste de quoi vivre. Ils sont écrasés par un système très technique, couverts de dettes et ne font qu’engraisser des bêtes. Il n'y a plus de sens dans le métier. On ne voit plus personne à passer des journées de fou sans gagner sa vie. Pas étonnant que certains agriculteurs en arrivent au suicide !"


"La vente directe est un trésor !" rajoute t-il

Pour le grossiste l'agneau n'est jamais assez bien (une façon de faire baisser les prix !)

Avec la vente directe, non seulement les clients sont contents mais ils le disent.  Cela redonne du sens et la passion du métier... (ils sont maintenant à 100% en vente directe)
Et la laine dans tout ça ?
 

"La laine c’est la passion de Pierre et il me la transmet !
L'Industrie à fait perdre le sens du métier à certains agriculteurs. La laine c’est un déchet pour l’industrie."



La laine caussenarde a un effet ressort et gonflant exceptionnel qui se conserve dans le temps. D’où son intérêt pour la literie car elle ne se tasse pas.

Les bêtes sont sélectionnées en fonction de critères visuels dont la laine. On s'est aperçu qu'il y avait un lien entre la beauté de la laine et la génétique de la bête.
La sélection se fait aussi sur les taches afin d'éviter une toison tachée. Les taches noires doivent se trouver autour des yeux, aux commissures des lèvres et sur les oreilles. Il faut d'ailleurs éviter le bélier noir sur des brebis blanches !
"C'est l’œil de l’éleveur : la brebis belle, on la voit."
 
Le pré des agneaux, là où j'ai discuté avec Sébastien

 "Au niveau des relations humaines, c'est très riche. A la fois entre les quatre agriculteurs qui veulent remonter toute cette filière qu'avec les bénévoles passionnés de "la Caussenarde". ça a permis de rapprocher les agriculteurs qui sont amoureux de leur laine, on ne se sent pas seul, on fait une équipe avec ce projet qui permet de relier les différents artisans de la filière."
 
Nous terminons cette discussion autour de l'agnelage... mais ceci est une autre histoire... à suivre !

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